[Comment prendre un peu de retard ]
Ramenant la sangle vers lui, Anseis ralentit sa monture pouvoir mieux observer le tiède zéphir jouer avec les boucles brunes de sa compagne. Curieuse, elle ne tarda à mettre à l’arrêt sa jument bai pour tourner vers lui un regard interrogateur auquel il répondit par un sourire.
Du haut de la colline qu’il venait d’atteindre, ils pouvaient maintenant apercevoir le domaine de Chaptuzat. Encore une dizaine de minutes, une quinzaine tout au plus, et ils seraient au niveau des portes d’où l’on pouvait noter une certaine activité.
Quinze minutes pour retrouver foule de gens, quelques uns connus mais la plupart étrangers, se noyer petit à petit dans un monde inconnu, s’asseoir discrètement dans un coin sans oser parler de peur d’ajouter un peu plus au brouhaha assourdissant, ni même prendre un des en cas apportés par multiples serviteurs sur des plateaux d’argent.
….
Ils étaient partis à l’aube, une fois qu’Elais eut fini de s’occuper des affaires municipales. Chevauchant déjà sa monture, tenant les rênes de celle de son aimée d’une main, il avait retenu un sourire en la voyant sortir puis rentrer de nouveau - par deux fois – dans les locaux pour être sûre qu’elle n’avait rien oubliée. Ils avaient d’ailleurs failli rebrousser chemin après une demi-heure de chevauchée, la jeune femme doutant d’avoir rempli les parchemins nécessaires pour commander au marché. Rassurée par les mots qu’il lui avait prodigués, elle avait finalement hoché la tête et ils avaient repris la route, pour finalement arriver comme prévu bien en avance.
Quinze petites minutes
Entre mairie et voyages, ils n’avaient eu trop le temps de passer du temps ensemble, juste tous les deux. Et voilà qu’à peine en avaient-ils l’occasion, ils fonçaient vers un avenir peuplé et bruyant, auquel jamais ils ne pourraient vraiment s’habituer.
Mais, après tout …Une de ses jambes vint rejoindre l’autre avant qu’il ne sautât de son étalon.
Je crois bien que …
S’approchant d’Elais, il lui tendit la main, l’invitant ainsi à la rejoindre. Cachant difficilement son étonnement dans son si merveilleux regard elle accepta, ne pouvant cependant s’empêcher un
vous croyez ?
Oui, je crois. En Dieu depuis que je vous ai rencontré, mais je crois aussi avoir vu un lapin qui vous cligna de l’œil lors de votre passage.
Alors même qu’il parlait, Anseis se dirigea vers un des multiples trous qui parsemaient les bordées des chemins. Retroussant les manches de sa chemise, il s’agenouilla et y plongea les mains. Chose probablement téméraire s’il n’avait auparavant vu une petite tête blanche s’y camoufler juste avant leur passage. Elles ressortirent peu de temps après tenant une petite boule blanche légèrement tremblante qui n’osait plus se débattre.
Messire Lapin, n’avez-vous donc écouté les conseils de votre mère ? Avez-vous donc oublié qu’il est très mal poli de saluer ainsi damoiselle ? Assurément lui devez-vous des excuses …
Se prenant au jeu, Elais enchaîna
Messire Lapin voilà que vous me faites rougir. Ne suis-je donc point présentable pour ce mariage ?
Anseis, penchant son oreille vers le petit rongeur, fit mine d’écouter en hochant parfois la tête.
Elais, ma douce, le croirez vous ?
Messire Jeannot, car tel est son nom – comme celui de ses vingt-cinq frères, me dit que je me suis mépris. Si assurément il cligna d’un œil, il m’affirme que ce que je n’ai point vu, c’est que l’autre œil cligna au même instant.
Point de vulgaire signe donc, mais surprise et émerveillement lorsqu’il vous vit. Depuis le matin qu’il observe, nobles sires et gentes dames a-t-il vu passé. Tant de beaux atours emplirent ses yeux, tant de parfums chatouillèrent ses délicates narines, qu’il crut en devenir blasé au point de nous regarder arriver d’abord avec une certaine lassitude. Et puis…
Et puis, à votre approche il put vraiment vous voir. Votre beauté n’est point de celle qui se cache derrière les poudres. Si naturelle et si pure que tout artifice n’arrive à la transcender qu’avec difficulté. En effet, comment améliorer si parfaite vision ?
Savez-vous ce qu’il m’a demandé ? Si vous étiez aussi belle en toute saison ou bien était-ce juste pour le mariage. Je lui aurais bien répondu que vous êtes généralement bien plus jolie mais que vous ne vouliez en ce jour faire ombrage à la mariée, mais ceci aurait été mensonge. Comme toujours, vous êtes magnifique
Elais avait instinctivement cherché dans sa besace pour en retirer un des légumes qu’elle emportait toujours avec elle pour remercier sa jument après ou pendant un voyage. S’approchant de l’homme et du lapin elle hésita un instant à qui le tendre pour finalement toucher au museau l’animal qui ne se fit prier pour croquer dedans.
Je ne sais lequel d’entre vous est le plus flatteur, mais j’ai bien peur que vous deviez tout deux cesser, sinon la rougeur de mes joues – je le crains– ne me quittera de toute la cérémonie
Rougissant à son tour, Anseis déposa le lapin au sol. Ce dernier ne se fit pas prier et repartit au plus vite dans son terrier, ses dents tenant fermement le providentiel repas. Le sourire ne voulant s’échapper, les deux voyageurs rejoignirent leurs montures qui avaient stoïquement attendues en broutant un peu d’herbe encore fraiche.
Ainsi qu’Anseis l’avait supposé, ils ne mirent bien longtemps à rejoindre l’entrée du château. L’homme de garde toussota lorsqu’il nota l’accoutrement du vagabond, manches encore relevées et braies couvertes de terre poussiéreuse, ramenant d’aussi sec le rouge qui avait juste eu le temps de partir de ses joues.
Cachant de sa main un petit rire, Elais décida de prendre les devants en interpelant l’homme
Elais et Anseis. Nous avons reçu invitation pour le mariage. Dois-je vous présenter la missive scellée ?
Ramenant la sangle vers lui, Anseis ralentit sa monture pouvoir mieux observer le tiède zéphir jouer avec les boucles brunes de sa compagne. Curieuse, elle ne tarda à mettre à l’arrêt sa jument bai pour tourner vers lui un regard interrogateur auquel il répondit par un sourire.
Du haut de la colline qu’il venait d’atteindre, ils pouvaient maintenant apercevoir le domaine de Chaptuzat. Encore une dizaine de minutes, une quinzaine tout au plus, et ils seraient au niveau des portes d’où l’on pouvait noter une certaine activité.
Quinze minutes pour retrouver foule de gens, quelques uns connus mais la plupart étrangers, se noyer petit à petit dans un monde inconnu, s’asseoir discrètement dans un coin sans oser parler de peur d’ajouter un peu plus au brouhaha assourdissant, ni même prendre un des en cas apportés par multiples serviteurs sur des plateaux d’argent.
….
Ils étaient partis à l’aube, une fois qu’Elais eut fini de s’occuper des affaires municipales. Chevauchant déjà sa monture, tenant les rênes de celle de son aimée d’une main, il avait retenu un sourire en la voyant sortir puis rentrer de nouveau - par deux fois – dans les locaux pour être sûre qu’elle n’avait rien oubliée. Ils avaient d’ailleurs failli rebrousser chemin après une demi-heure de chevauchée, la jeune femme doutant d’avoir rempli les parchemins nécessaires pour commander au marché. Rassurée par les mots qu’il lui avait prodigués, elle avait finalement hoché la tête et ils avaient repris la route, pour finalement arriver comme prévu bien en avance.
Quinze petites minutes
Entre mairie et voyages, ils n’avaient eu trop le temps de passer du temps ensemble, juste tous les deux. Et voilà qu’à peine en avaient-ils l’occasion, ils fonçaient vers un avenir peuplé et bruyant, auquel jamais ils ne pourraient vraiment s’habituer.
Mais, après tout …Une de ses jambes vint rejoindre l’autre avant qu’il ne sautât de son étalon.
Je crois bien que …
S’approchant d’Elais, il lui tendit la main, l’invitant ainsi à la rejoindre. Cachant difficilement son étonnement dans son si merveilleux regard elle accepta, ne pouvant cependant s’empêcher un
vous croyez ?
Oui, je crois. En Dieu depuis que je vous ai rencontré, mais je crois aussi avoir vu un lapin qui vous cligna de l’œil lors de votre passage.
Alors même qu’il parlait, Anseis se dirigea vers un des multiples trous qui parsemaient les bordées des chemins. Retroussant les manches de sa chemise, il s’agenouilla et y plongea les mains. Chose probablement téméraire s’il n’avait auparavant vu une petite tête blanche s’y camoufler juste avant leur passage. Elles ressortirent peu de temps après tenant une petite boule blanche légèrement tremblante qui n’osait plus se débattre.
Messire Lapin, n’avez-vous donc écouté les conseils de votre mère ? Avez-vous donc oublié qu’il est très mal poli de saluer ainsi damoiselle ? Assurément lui devez-vous des excuses …
Se prenant au jeu, Elais enchaîna
Messire Lapin voilà que vous me faites rougir. Ne suis-je donc point présentable pour ce mariage ?
Anseis, penchant son oreille vers le petit rongeur, fit mine d’écouter en hochant parfois la tête.
Elais, ma douce, le croirez vous ?
Messire Jeannot, car tel est son nom – comme celui de ses vingt-cinq frères, me dit que je me suis mépris. Si assurément il cligna d’un œil, il m’affirme que ce que je n’ai point vu, c’est que l’autre œil cligna au même instant.
Point de vulgaire signe donc, mais surprise et émerveillement lorsqu’il vous vit. Depuis le matin qu’il observe, nobles sires et gentes dames a-t-il vu passé. Tant de beaux atours emplirent ses yeux, tant de parfums chatouillèrent ses délicates narines, qu’il crut en devenir blasé au point de nous regarder arriver d’abord avec une certaine lassitude. Et puis…
Et puis, à votre approche il put vraiment vous voir. Votre beauté n’est point de celle qui se cache derrière les poudres. Si naturelle et si pure que tout artifice n’arrive à la transcender qu’avec difficulté. En effet, comment améliorer si parfaite vision ?
Savez-vous ce qu’il m’a demandé ? Si vous étiez aussi belle en toute saison ou bien était-ce juste pour le mariage. Je lui aurais bien répondu que vous êtes généralement bien plus jolie mais que vous ne vouliez en ce jour faire ombrage à la mariée, mais ceci aurait été mensonge. Comme toujours, vous êtes magnifique
Elais avait instinctivement cherché dans sa besace pour en retirer un des légumes qu’elle emportait toujours avec elle pour remercier sa jument après ou pendant un voyage. S’approchant de l’homme et du lapin elle hésita un instant à qui le tendre pour finalement toucher au museau l’animal qui ne se fit prier pour croquer dedans.
Je ne sais lequel d’entre vous est le plus flatteur, mais j’ai bien peur que vous deviez tout deux cesser, sinon la rougeur de mes joues – je le crains– ne me quittera de toute la cérémonie
Rougissant à son tour, Anseis déposa le lapin au sol. Ce dernier ne se fit pas prier et repartit au plus vite dans son terrier, ses dents tenant fermement le providentiel repas. Le sourire ne voulant s’échapper, les deux voyageurs rejoignirent leurs montures qui avaient stoïquement attendues en broutant un peu d’herbe encore fraiche.
Ainsi qu’Anseis l’avait supposé, ils ne mirent bien longtemps à rejoindre l’entrée du château. L’homme de garde toussota lorsqu’il nota l’accoutrement du vagabond, manches encore relevées et braies couvertes de terre poussiéreuse, ramenant d’aussi sec le rouge qui avait juste eu le temps de partir de ses joues.
Cachant de sa main un petit rire, Elais décida de prendre les devants en interpelant l’homme
Elais et Anseis. Nous avons reçu invitation pour le mariage. Dois-je vous présenter la missive scellée ?